Clément ADER (Muret 1841 - Toulouse 1925).
Il mit au point un "plus lourd que l'air", qu'il appela Eole, et avec lequel il s'éleva de terre le 9 oct. 1890. En 1891, Eole II parcourut 200 mètres au camp de Satory. Il est considéré comme le "père de l'aviation"
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Clément Ader, un inventeur génial. Vous devriez penser à lui tous les jours, en décrochant le combiné de votre téléphone. C'est lui qui l'a inventé. Mais c'est aussi un esprit tourmenté, brumeux, empli de fantasmes. II va essayer de créer, avec son bimoteur, le premier avion militaire.

C'est une chauve-souris spéciale, des indes qui lui a plu je ne sais pour quelle raison. La membrure de l'appareil reproduit tout à fait les cinq doigts de la main, ou plutôt les quatre doigts avec le petit pouce qui se replie. Derrière, l'attache correspond à l'épaule, et une partie qui a un peu la forme d'un parallélogramme est également repliable. Le revêtement, il l'a réalisé avec un tissu élastique pour garder la tension de la toile, dont tous les mouvements sont commandés par des câbles. De nombreux câbles qui courent sur des poulies. C'est ce qu'il appelait les nerfs de sa machine; d'ailleurs, quand il parle de son avion, il en parle comme d'un être vivant. C'est tout à fait extraordinaire. Bien sûr, tout cela a l'air bizarre et l'on se demande si c'est sérieux ou non. En fait, Ader était un ingénieur et un mécanicien tout à fait accompli. Pour propulser son avion, il a tout de même fallu qu'il invente un moteur à vapeur ultra léger qui faisait 20 ch. À l'époque, les moteurs à vapeur étaient très lourds, et on a là une merveille de légèreté. Quand on pense que, pour des raisons de sécurité, l'ensemble était entouré de parois de briques réfractaires... Arriver à faire un appareil de quatorze mètres d'envergure et ne pesant pas quatre cents kilos, c'est tout à fait extraordinaire. Cela montre, d'ailleurs, sa dextérité. II se faisait aider par des mécaniciens de l'époque qui n'étaient pas tout à fait ce qu'ils sont aujourd'hui. À la fois menuisiers, ébénistes, ils savaient tout faire ; on les appelait souvent aussi des forgerons.

 

Premier vol que l'on doit à Clément Ader avec son inoubliable concept " L'Eole ". Cet appareil, d'une envergure de 14 m, ressemblant à une chauve-souris était équipé d'un moteur à vapeur, (dont le poids n'excédait pas 3 kg), qui entraînait une hélice tractive à quatre pales. Bien que d'une conception remarquable L'Eole restera un appareil compliqué et relativement lourd,(son poids total atteignait les 300 kg). Cependant, Ader réussit, à Armainvilliers à l'élever au dessus du sol sur une cinquantaine de mètres. Les expériences, renouvelées en 1897 avec un avion de même conception équipé de deux moteurs ne furent guère concluantes et Ader abandonna l'aviation. Cependant, sa vision avant-gardiste de aéronautique restera inscrite dans un œuvre écrite très importante.

       

20 juin 1891 : M. Ader fait voler pour la première fois une machine pendant plusieurs centaines de mètres. La machine de M. Ader ci dessous

Devant témoins, Ader fit un bond de 50 m, à quelques centimètres du sol. La maquette n'a pas fait mieux. Sept ans plus tard, en travaillant jour et Nuit, Ader présente son oeuvre la plus ambitieuse un bimoteur. Deux machines à vapeur de 20 ch, une envergure de 16 m, un poids de 400 kilos seulement. Nous sommes au camp de Satory, le 14 octobre 1897. Ader est venu présenter sa machine aux militaires français et aux officiels. Pour lui, c'est la dernière chance. II a tout misé sur un achat par l'armée. II dit : " Sera maître du monde qui sera maître de l'air. " II donne la vapeur, et les grandes hélices qui ressemblent à des plumes d'oiseaux exotiques se mettent en marche. II est 5 h 15. Quelques secondes plus tard, il est dans le fossé. II a fait un bond incontrôlé de 300 m. C'est insuffisant, et le ministre de la Guerre refuse le projet. Aujourd'hui, la grande chauve-souris d'Ader repose dans cette cathédrale de la science qu'est le Conservatoire des arts et métiers. Volé, pas volé ? Peu importe. II avait fait avancer les choses, lui aussi, à sa manière. Et surtout, il nous avait fait un beau cadeau : le nom de son engin. II l'avait baptisé Avion, une trouvaille.

La structure, ce sont des bois creux. Ce n'est pas du tout de l'acier ou de l'aluminium. C'est du bois creux marouflé, c'est-à-dire entouré d'une bande de tissu très serré, collé. On aboutissait ainsi à des merveilles de légèreté. Ader faisait partie de cette race de gens qui était courante en son temps, les précurseurs, ces gens qui pensaient qu'il fallait résoudre tous les problèmes techniques un par un pour pouvoir réaliser le vol et le réaliser d'un seul coup. Mais Ader a poussé la chose à un point extrême. En principe, son appareil était destiné à l'armée et, s'il a fait une voilure qui se replie complètement, c'est, bien sûr, sans doute pour permettre des réglages, peut-être même le pilotage de l'appareil en vol, mais c'est surtout parce qu'il voulait en faire un appareil facilement transportable sur les charrettes hippomobiles de l'armée de l'époque. Tout devait se replier, les pales de l'hélice également, de façon que la machine ne dépasse pas deux mètres cinquante à trois mètres de largeur. C'était très léger; on pouvait monter l'appareil facilement sur un camion tiré par des chevaux et suivre les armées en campagne. Ader a voulu d'un seul coup résoudre non seulement le problème du vol, mais le problème de l'aéroplane à la disposition des armées. C'est quand même fantastique.

En même temps, d'ailleurs, qu'il créait cet appareil, au point de vue technique, il écrivait des livres sur l'aviation militaire et son emploi.

Dans.ces années 90 où personne n'avait jamais vu un avion en l'air, il a inventé les viseurs de bombardement, dont l'idée, d'ailleurs, a été reprise pendant la guerre de 14-18, avec le fameux système de chronomètre à retour. Les anciens aviateurs, ça leur dira quelque chose. C'est le précurseur type, le seul de cette grande famille qui ait réussi le décollage. "

 

  Cette chauve-souris mécanique qu'Ader l' expérimente, le 9 octobre 1890, au château d'Armainvilliers, près de Paris, en voici une maquette, due aux ingénieurs Marchai et Chanson.

 

Après Ader, en cette fin du XIXe siècle, volaient les planeurs d'Otto Lilienthal. Encore une forme étrange? Non. Ne vous y trompez pas, Lilienthal est le véritable ancêtre de tous les hommes volants. Les planeurs de Lilienthal ou du Franco-Américain Octave Chanute amènent la mise au point d'une forme d'aile pilotable ; c'est un progrès décisif. Au moment même où arrive un autre progrès : le moteur à explosion. Les deux ensemble, et l'aviation va naître. C'est l'Américain Samuel Pierpont Langley qui est le premier à installer un moteur à explosion sur un engin de forme déjà moderne, en 1902.