20 juin 1891 : M. Ader fait voler pour la première fois une machine pendant plusieurs centaines de mètres. La machine de M. Ader ci dessous
Devant témoins, Ader fit un bond de 50 m, à quelques centimètres du sol. La maquette n'a pas fait mieux. Sept ans plus tard, en travaillant jour et Nuit, Ader présente son oeuvre la plus ambitieuse un bimoteur. Deux machines à vapeur de 20 ch, une envergure de 16 m, un poids de 400 kilos seulement. Nous sommes au camp de Satory, le 14 octobre 1897. Ader est venu présenter sa machine aux militaires français et aux officiels. Pour lui, c'est la dernière chance. II a tout misé sur un achat par l'armée. II dit : " Sera maître du monde qui sera maître de l'air. " II donne la vapeur, et les grandes hélices qui ressemblent à des plumes d'oiseaux exotiques se mettent en marche. II est 5 h 15. Quelques secondes plus tard, il est dans le fossé. II a fait un bond incontrôlé de 300 m. C'est insuffisant, et le ministre de la Guerre refuse le projet. Aujourd'hui, la grande chauve-souris d'Ader repose dans cette cathédrale de la science qu'est le Conservatoire des arts et métiers. Volé, pas volé ? Peu importe. II avait fait avancer les choses, lui aussi, à sa manière. Et surtout, il nous avait fait un beau cadeau : le nom de son engin. II l'avait baptisé Avion, une trouvaille.
La structure, ce sont des bois creux. Ce n'est pas du tout de l'acier ou de l'aluminium. C'est du bois creux marouflé, c'est-à-dire entouré d'une bande de tissu très serré, collé. On aboutissait ainsi à des merveilles de légèreté. Ader faisait partie de cette race de gens qui était courante en son temps, les précurseurs, ces gens qui pensaient qu'il fallait résoudre tous les problèmes techniques un par un pour pouvoir réaliser le vol et le réaliser d'un seul coup. Mais Ader a poussé la chose à un point extrême. En principe, son appareil était destiné à l'armée et, s'il a fait une voilure qui se replie complètement, c'est, bien sûr, sans doute pour permettre des réglages, peut-être même le pilotage de l'appareil en vol, mais c'est surtout parce qu'il voulait en faire un appareil facilement transportable sur les charrettes hippomobiles de l'armée de l'époque. Tout devait se replier, les pales de l'hélice également, de façon que la machine ne dépasse pas deux mètres cinquante à trois mètres de largeur. C'était très léger; on pouvait monter l'appareil facilement sur un camion tiré par des chevaux et suivre les armées en campagne. Ader a voulu d'un seul coup résoudre non seulement le problème du vol, mais le problème de l'aéroplane à la disposition des armées. C'est quand même fantastique.
En même temps, d'ailleurs, qu'il créait cet appareil, au point de vue technique, il écrivait des livres sur l'aviation militaire et son emploi.
Dans.ces années 90 où personne n'avait jamais vu un avion en l'air, il a inventé les viseurs de bombardement, dont l'idée, d'ailleurs, a été reprise pendant la guerre de 14-18, avec le fameux système de chronomètre à retour. Les anciens aviateurs, ça leur dira quelque chose. C'est le précurseur type, le seul de cette grande famille qui ait réussi le décollage. "
Cette chauve-souris mécanique qu'Ader l' expérimente, le 9 octobre 1890, au château d'Armainvilliers, près de Paris, en voici une maquette, due aux ingénieurs Marchai et Chanson. |
Après Ader, en cette fin du XIXe siècle, volaient les planeurs d'Otto Lilienthal. Encore une forme étrange? Non. Ne vous y trompez pas, Lilienthal est le véritable ancêtre de tous les hommes volants. Les planeurs de Lilienthal ou du Franco-Américain Octave Chanute amènent la mise au point d'une forme d'aile pilotable ; c'est un progrès décisif. Au moment même où arrive un autre progrès : le moteur à explosion. Les deux ensemble, et l'aviation va naître. C'est l'Américain Samuel Pierpont Langley qui est le premier à installer un moteur à explosion sur un engin de forme déjà moderne, en 1902.