Le " planophore " de Pénaud, le premier modèle réduit d'avion à moteur " caoutchouc".

Voici un engin volant exceptionnel. C'est le modèle de l'avion projeté par Alphonse Pénaud

Pénaud aurait mérité de réussir à être le premier pilote, vraiment le premier à avoir eu l'idée de l'aéroplane à queue stabilisatrice avec un dessin très rationnel, dont s'est inspiré d'ailleurs Henson qui n'a jamais fait, au fond, que puiser la science chez les autres. Cayley a également étudié l'hélicoptère, les dirigeables. C'est réellement un grand précurseur. La seule chose qu'il n'ait peut-être pas faite, c'est d'aller jusqu'au bout, jusqu'à résoudre le problème sur le plan mathématique. Ce sera, je crois, le grand mérite d'Alphonse Pénaud.

Pénaud était un garçon qui se destinait à être officier de marine, et qui, en fait, à cause d'une maladie incurable, n'a pas pu entrer dans la marine française. II s'est consacré très tôt aux études aéronautiques. En 1870, il a d'abord eu l'idée d'inventer (les jeunes modélistes lui rendront hommage) le moteur " caoutchouc ", l'élastique, qui sert faire marcher les petits avions en tordant cet écheveau de caoutchouc sur lui-même. Et cette idée, très simple, lui a fourni, en somme, un moteur extrêmement léger.

En 1871, Pénaud a réussi, avec ce petit moteur caoutchouc, à faire voler et fonctionner de façon tout à fait convenable un petit appareil à aile battante. La même année, il a fait voler un hélicoptère. Et ensuite il a expérimenté ce qu'il appelait, lui, un planophore et qui était, finalement, un aéroplane. Pénaud a pu, grâce à ses petits modèles

réduits, vraiment donner des coefficients à ses résistances. Voilà le résultat de ses cogitations sur l'aviation : une maquette tout à fait remarquable par les idées qu'elle implique. C'est une coque amphibie avec un train d'atterrissage escamotable. Sous la coque, des plans inclinés figurent des redans. C'est un dispositif qu'on réinventera en 1912, quarante ans plus tard. Les hélices sont à pas variable. Les gouvernes sont compensées et il y a même un système de stabilisation automatique avec des moteurs électriques qui commandent les gouvernes. C'est quelque chose de tout à fait exceptionnel pour l'époque.

Pénaud, malheureusement, après avoir conçu ce projet et cherchant un financement, s'est adressé à Giffard qui était un homme très célèbre pour son dirigeable à vapeur, de 1854. Celui-ci était devenu 'très riche grâce à son invention de l'injecteur à vapeur adopté sur toutes les locomotives de l'époque. Pénaud s'est donc adressé à lui en espérant trouver un mécène. Mais Giffard, qui était un partisan du plus léger que l'air, ne l'a pas aidé. Alors, ce qui est triste avec Pénaud, c'est sa fin tragique : il a mis tous ses plans dans un petit Cercueil en bois, qu'il a envoyé à Giffard, puis il s'est suicidé. II n'est pas le seul à s'être suicidé, malheureusement; dans l'aviation, il y a eu beaucoup de cas semblables.