La traversée de la Manche

1909

 

Jusqu'à présent, aucun vol n'a permis de joindre l'Angleterre par la voie des airs.

 

Louis Blériot (1872-1936) contracte en 1900 le virus de l'aviation et, dès lors, il jette sa vie d'industriel heureux par-dessus les moulins. Forte tête, Louis croit seul contre tous à l'avenir du monoplan. Hélas, ses 10 prototypes vont aux pâquerettes les uns après les autres et Louis, ruiné, n'y gagne que le surnom de "roi de la casse". Son dernier espoir : le Blériot XI, une machine pesant à peine 250 kg et entraînée par un moteur Anzani de 25 ch. Le 25 juillet 1909, Blériot, blessé, portant béquilles, est sur les falaises de Douvres : trop élevées pour son coucou ! Minutes d'angoisse...

Enfin, Blériot avise un terrain de golf dans une anfractuosité de la côte, où il se pose au grand scandale des taquineurs de clubs. Pour l'historien Edmond Petit, cet exploit, "marquait dans les esprits le moment où l'avion devenait vraiment utile et utilisable".

 

 

La méditerranée

1913

 

Le 23 septembre 1913, un dandy en combinaison imperméable s'installe aux commandes d'un monoplan Morane-Saulnier. "Contact !" Le monoplan Gnome de 60 ch se met à pétarader et l'avion se place face au vent venu de la Méditerranée. Une mer que le pilote, Roland Garros (1888-1918), s'apprête à franchir en première mondiale. Huit heures de traversée au-dessus des flots, sans secours possible. Sept cent trente kilomètres entre Fréjus et Tunis, deux fois plus que le record de distance de l'époque ! Et tout ça pourquoi ? "Par luxe, pour vivre une jolie aventure, quitte à en mourir", confessa Garros dans ses mémoires. Vingt minutes après le départ, de l'huile s'échappe déjà du moteur. Puis un vent contraire se lève, accroissant la consommation d'essence. Possédé par son rêve, Garros l'imprudent garde le cap sur la Tunisie. Un clac sinistre sous le capot, Rolland le preux coupe le moteur et se laisse tomber en tournoyant de 3000 m... pour se poser in extremis sur la terre d'Afrique.

   

 

L'Atlantique

1927

 

Traverser l'Atlantique en avion ! Un rêve Franco-américain réalisé par deux anglais, John Alcock et Arthur Brown, dès 1919 : Terrre-Neuve-Irlande, soit 3040 km. Mais le grand défi restait le Paris-New York (6200 km) en solitaire. Plusieurs tentatives n'aboutirent qu'à des drames, comme celui de Charles Nungesser et François Coli disparus en mai 1927 à bord de l'Oiseau blanc. Le triomphateur s'appelle Charles Lindbergh (1902-1974), 25 ans, ex-parachutiste puis pilote de la "postale". Un petit constructeur de San Diego, Ryan, lui fignole le Spirit of Saint Louis, un monoplan pouvant emmener 1400 kg à 195 km/h (moteur Wright 225 ch). Chargé de 2000 l d'essence, 2 sandwichs et de 2 barres de chocolat, Lindbergh décolle le 20 mai 1927. Il vole pendant 33 heures et 30 minutes, à travers verglas et brouillard, en naviguant à l'estime et sans radio ! Il se pose au Bourget au milieu d'une foule en délire à laquelle il se contente de déclarer : "Well, I did it !".


Charles Lindberg


Atterrissage au Bourget

 

Le Pacifique

1931

Pauvres Clyde Pangborn et Hugh Herndon ! Qui se souvient d'eux ? Pourtant ces deux pilotes américains ont vaincu le dernier et le plus vaste des océans, le Pacifique. Et en clôture d'un tour du monde, s'il vous plait ! L'appareil, un Bellanca monomoteur baptisé Miss Veedol, décolla du Japon le 4 octobre 1931 et se posa aux États Unis, près de Seattle, après avoir franchi 7200 km en 41 heures.

 

L'histoire continue