L'inauguration de la première ligne de l'Aéropostale a lieu le ler septembre 1919: Rabat via Barcelone. Les sacs postaux qu'on embarque sont factices. La confiance ne règne pas encore, mais vers mai 1920, le service est régulièrement assuré et les sacs postaux se multiplient.
Tous ces pilotes de l'Aéropostale, même si on a oublié leur nom étaient de véritables héros à qui l'aventure ne faisait pas peur. Il leur appartiendra de survoler les premiers les endroits les plus dangereux, montagnes, volcans, jungles, déserts, au péril de leur vie, car au moindre incident, ils ne pouvaient se poser, et personne n'aurait pu les sauver.
Parmi les plus connus nous trouvons
Jean Mermoz est né à Aubenton dans l'Aisne. II passe son enfance auprès de ses grandsparents maternels, sa mère étant séparée de son mari. Après la première guerre mondiale mère et fils s'installent dans le Montparnasse de Paris. A 18 ans, pour n'être plus à la charge de sa mère, il s'engage. Après avoir passé le brevet de pilote, il se porte volontaire pour la Syrie.
Là, il lie connaissance avec le désert qui sera, comme pour Saint-Exupéry, son élément de prédilection (19). Rappelé en France, il abandonne l'uniforme pour travailler dans l'Aéropostale. II débuta comme mécanicien, durant un mois, puis assura le service Barcelone-Malaga, sur un vieux Bréguet de guerre. En 1926 il est affecté plus au Sud, à Casablanca d'où il sert Agadis. Le désert est, ici, plus redoutable que celui de Syrie, puisqu'il y a les Maures en armes contre tout Européen quelqu'il soit.
Ces nomades ne tuent pas, mais maltraitent, enchaînent, ne délivrent que contre rançon, il y a peu de pilotes de l'Aéropostale qui n'aient enduré cette captivité et n'aient coûté, pour leur délivrance, quelques milliers de francs à la compagnie, Mermoz n'échappera pas à ce sort.
Un jour, à Cap Juby, il fait connaissance d'un nouveau pilote, au regard étonnant : une tête qu'on n'oublie pas, des yeux globuleux et pleins d'intelligence, un front très haut, une haute taille et de fortes épaules, des manières d'homme du monde : Antoine de Saint-Exupéry et Jean Mermoz se lient d'amitié, mais ne se tutoyeront pas avant 10 ans.
Nous avons retrouvé une anecdote digne de l'histoire de l'Aéropostale. En 1927, Latécoère, avait envisagé un raid sans escale de 4500 km, unissant Toulouse à Saint-Louis, et avait choisi pour pilotes Négrin et Mermoz. Or, au moment où ces derniers s'apprêtent à décoller on apprend que Costes et Le Brix entreprennent leur tour du monde et qu'ils se poseront à Saint-Louis avant de se risquer au dessus de l'Atlantique. Mermoz, surnommé par ses amis "l'archange" en rapport avec sa grande beauté, et Le Brix s'envolent.
Aucun incident en cours de route. Après 24 h de vol ininterrompu, voici sous un magnifique soleil matinal, l'aéroplace de Saint-Louis : "Quelle foule pour nous accueillir !" s'exclame Mermoz... Mais Négrin :"Est-ce pour nous ? On verra bien:,." Ce n'était pas pour eux. C'était Costes et Le Brix qu'on venait acclamer. On ne parlait que d'eux dans les journaux, à la radio. Il y avait là tous les "officiels" possibles, des officiers, des femmes européennes à grands chapeaux. Mais lorsque Mermoz descendit le - premier - de son appareil ce fut la ruée : Vive Costes! Vive Le Brix !"
Il fallut quelque temps pour que la foule revint de son erreur, ce qu'elle fit de la meilleure grâce du monde, l'élément féminin surtout, car ce Mermoz était beaucoup "mieux" que Costes. Les fleurs qu'on destinait à celui-ci passèrent à celui-là. Deux heures plus tard seulement le Bréguet de l'autre équipe se posa, tout blanc et déjà glorieux. Mermoz et Négrin avaient attendu leurs confrères avant d'aller se reposer à l'hôtel.