Le 24 Juillet de la même année, Blériot réussit le premier la traversée de la Manche et connaît la gloire, tant à Londres qu'à Paris. Le même jour, nouvel essai de Latham sur un "Antoinette 7", nouvel échec.: il amerrit à 1 milles du but, légèrement blessé. Latham poursuivant ensuite sa carrière de pilote, a participé à tous les meeting aériens et gagné de nombreux records, notamment d'altitude.

 Professeur de pilotage, quelques fois il se livre à de curieux exercices, comme de tirer d'avion au pistolet sur une cible à terre, ou de lancer de petites bombes qui éclatent au sol, premiers essais de bombardement aérien. Il a trouvé la mort au Tchad en 1912, lors d'une chasse au buffle. Ayant blessé une bête d'une première balle, il veut l'achever, mais son arme s'enraye et le buffle le charge. Il ne survivra pas à ses blessures.

Louis BLERIOT, de l'avis de ceux qui le connaissaient bien, était un bon mathématicien, mais un mauvais expérimentateur. Peu de pionnier du plus lourd que l'air ont consommé autant d'appareils. Ses atterrissages rendaient ses avions pratiquement toujours en miettes, tandis que lui, en sortait par miracle toujours indemne.

 En 1905, il s'associe à Gabriel Voisin, et ensemble ouvrent une usine d'avions. Entreprise folle pour l'époque, d'autant plus qu'aucun de leurs avions ni à l'un, ni à l'autre, n'avaient précédemment vraiment volé. En 1906, l'association se romp, les 2 amis ne s'entendant pas dans leurs recherches. Il ne restait en caisse que 6 F et quelques centimes.

 Ils se séparent donc avec chacun en poche guère plus de 3 F. Blériot alors installe sa propre "avionnerie", et en 1907, il sort son Blériot 5, le casse au premier essai , puis ce fut le "Blériot 6" qui ira aussi rejoindre le cimetière encombré de son constructeur.

Soulignons tout de même que les déficits incessants de son atelier étaient comblés grâce à la prospérité de sa fabrique de phares d'automobiles. 1908 - 1909, deux années récompenses à tant d'efforts et de capitaux engloutis, ça vole, et même de mieux en mieux : 21 octobre 1908 : 7 km, 31 octobre 1908 ; 14 km 13 juillet 1909: 41 km.

Mais la performance historique de Louis Blériot est celle qu'il réalisa le 25 juillet 1909: la traversée de la Manche, de Calais à Douvres, première traversée maritime en aéroplane. Ce vol ne constituait pas un record de distance, mais pour la première fois un aviateur osait s'aventurer au dessus de la mer, chose pas évidente car aucun appareil de navigation n'existait encore, cela tenait donc de la chance qu'il fallait braver.

 Et de la chance, Blériot en aura pour cette traversée de la Manche. Gravement blessé au pied lors de ses précédents accidents, et sans argent, le pied guérira un peu, bien qu'il ira sans son avion soutenu par deux cannes et hissé par un ami. L'argent, il le trouvera miraculeusement : Blériot quelques jours auparavant sauva d'une chute de balcon l'enfant d'un de ses voisins, celui-ci étant millionnaire apporta en reconnaissance les fonds pour son exposition. Plus tard, il rencontrera un journaliste.

Ce dernier s'apercevant que Blériot ne connaissait rien des côtes anglaises, lui proposa d'y aller en éclaireur et de lui faire parvenir un croquis du lieu où il pourrait atterrir. Le jour historique arrive, mais avant de partir, Blériot sportivement prévient son concurrent Latham de son départ en survolant le camp de ce dernier situé non loin du sien. Il survolera la Manche, ses deux cannes attachées contre le fuselage, ce qui lui permettra de marcher dès l'arrivée. En vol, il aura un regret entouré de peur à la pensée de l'atterrissage.

 Plus tard il a raconté qu'il s'en est voulu de ne pas avoir regardé une carte à grande échelle des côtes anglaises avant de partir, pour ne compter que sur les croquis d'un journaliste qu'il connaissait à peine, et deux cartes postales. A l'arrivée, la victoire, mais bien plus. Dès lors tout le monde prend conscience que l'avenir est à l'aéronautique.

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